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ROA:499
Title:Interaction des Contraintes dans la Morphologie Non-Gabaritique de l\'Arabe Marocain de Casablanca : Témoignages pour la Théorie de l\'Optimalité [Dissertation]
Authors:Said Imouzaz
Comment:
Length:379
Abstract:L’objet de la présente thèse est l’étude de certains aspects de la morphologie non-gabaritique de l’Arabe Marocain de Casablanca, notamment la Morphologie du Pluriel Brisé et la Morphologie Réduplicative, dans le cadre de la Théorie de l’Optimalité (cf. Prince & Smolensky (1993) et McCarthy & Prince (1993a)).


L’un des développements récents de cette théorie, i.e. la Théorie du Gabarit Généralisé (cf. McCarthy & Prince (1994, 1999), McCarthy (2001b), Urbanczyk (1996b, 1999, 2000), Gafos (1998a), Spaelti (1999), Struijke (1998, 2000) parmi tant d’autres), s’assigne comme ultime objectif de dériver les propriétés des phénomènes morphologiques prosodiquement gouvernés, comme la morphologie réduplicative et la morphologie dérivationnelle racine-et-schème, des propriétés générales de la morphologie, de la prosodie et de leur interface. Mais, aussi longtemps que les gabarits prosodiques soient imposés, ce but ne pourrait être atteint. Mieux encore, elle pousse l’explication de l’interface prosodie / morphologie au point de ne plus reconnaître aux gabarits préétablis aucun statut indépendant, au profit de l’interaction des contraintes et de leur hiérarchisation.

Le module de la morphologie dérivationnelle du Pluriel Brisé (désormais PB)du niveau du Radical au sens large offre un témoignage pour cette théorie, en ce sens que la structure prosodique constituée en cible gabaritique est montée via l’interaction des contraintes de fidélité et de marquage, telle la correspondance moraïque et le binarisme podal.

Notre intérêt est porté essentiellement sur les PB correspondant aux formes dites trilitères et quadrilitères qui ne connaissent surtout pas de suffixation; notre objectif étant essentiellement de répondre à un certain nombre de questions majeures qui ne trouvent pas de réponses satisfaisantes dans la perspective d’une théorie basée sur la « Condition de Satisfaction du Gabarit » (cf. McCarthy & Prince (1986, 1990)), viz.
- La morphologie dérivationnelle du PB admet des schèmes différents pour marquer des catégories morphologiques relativement différentes les unes des autres, en l’occurrence les formes trilitères construites sur un schème CCVC et les formes quadrilitères construites plutôt sur un schème CCVCvC.
- Ces deux schèmes du PB commencent tous les deux par un agrégat consonantique initial CC et finissent par une syllabe fermée, lourde [CVC] pour le premier type et/ou légère [CvC]pour le deuxième.
- Les radicaux actualisés dans ces deux schèmes du PB contiennent strictement deux mores, ni plus ni moins, montées en une syllabe lourde ou deux syllabes légères.

Nous montrons que ce sont généralement les structures prosodiques hiérarchisées les moins marquées possibles, étant donné le Binarisme du Pied, qui émergent comme structures optimales, adoptant ainsi des hiérarchies montant en rinforzando jusqu’à atteindre le niveau maximal toléré par la grammaire de la langue, spécialement pour ce module de morphologie, i.e. Binarisme du Pied stricto sensu. Ceci est l’Emergence du Non Marqué.


Nous profitons également de notre incursion faite au sein de ce module de morphologie pour passer au peigne fin des phénomènes qui lui sont étroitement liés, relatifs aux relations labiales qui sont observées dans le passage de la forme de l’Input à la forme de l’Output du singulier, à la forme de l’Output du Pluriel Brisé. Ceci étant, certains segments labiaux se trouvent ainsi enclins de changer de timbre sous la condition de violation du Principe du Contour Obligatoire ou la condition de minimisation des disparités articulatoires par Harmonie Vocalique ; pour retrouver leur état initial une fois actualisés dans la catégorie du Pluriel Brisé. Le module de la Théorie de la Sympathie (cf. McCarthy (1999, à paraître)) permet de rendre compte de manière «paralléliste», et non sérielle, de cette manœuvre dite de type « Duke-of-York ».

Le second module de morphologie non-gabaritique qui retient notre attention dans cette étude se rapporte à la morphologie réduplicative. Une tentative de systématisation de ce module est esquissée, sur la base des différentes possibilités de correspondance. Le point culminant de notre analyse se rapporte à la nature du morphème réduplicatif, représenté au niveau lexical par une entrée contenant uniquement les informations catégorielle et sémantique. Le soin de la détermination du (ou des) segment(s) à recopier est laissé au bon gré des contraintes sur l’ancrage des bords, ancrage bilatéral, unilatéral et croisé. Ladite composition réduplicative tautologique aura également droit de cité, mettant ainsi en exergue le postulat du « Binarisme du Mot » (« Word Binarity » cf. Itô & Mester (1992)), qui opère en tant que contrainte de marquage dans une hiérarchie conçue de manière à assurer la complétude de l’association (i.e. réduplication totale). Les cas de composition réduplicative sans complétude de l’association (i.e. réduplication partielle) mettent au devant de la scène un « Alignement Hiérarchisé » (« Hierarchical Alignment ») dominée par la contrainte RIME, dans le but d’obtenir les effets de l’incomplétude de l’association. Finalement, la réduplication infixationnelle, mettant l’accent sur des aspects saillants relatifs à la préspécification segmentale et au copiage-arrière, vient clore cette étude.
Type:Dissertation
Area/Keywords:Phonology
Article:Version 1